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16° dimanche du Temps Ordinaire.

Les textes bibliques de ce dimanche nous font découvrir, frères et sœurs, le vrai visage de Dieu ...

Le premier texte est extrait du livre de la Sagesse, livre le plus tardif de l’Ancien Testament, écrit au plus tard deux siècles avant l’arrivée du Christ. C’est donc un livre qui exprime toute la maturation de la tradition juive par rapport à l’expérience qu’ils ont fait de Dieu. Un Dieu qui les a fait sortir d’Egypte, un Dieu qui les a fait revenir de l’exil. Un Dieu juste, continuellement patient avec eux et qui prend soin de toute chose. A partir de situations vécues depuis des siècles, Israël a commencé à avoir un autre regard sur ce Dieu qui s’est révélé à son peuple à plusieurs reprises : « un Dieu de tendresse et de miséricorde, lent à la colère et plein d’amour. »

L’auteur sacré, inspiré du vrai Dieu, nous dit avec éloquence :

« L’homme montre sa force mais sa puissance est discuté, tandis que le Seigneur dispose de la force, juge avec indulgence, gouverne avec beaucoup de ménagement, car Il n'a qu'à vouloir pour exercer sa puissance. »

Ainsi dans la première lecture, nous découvrons, que Dieu n’est pas un Dieu dominateur, qui condamne sans pitié ... Dieu est plus humain que l’homme. Il fait preuve d’une patience extraordinaire et son grand désir a toujours été que le pécheur se convertisse et qu’il vive. Il accorde la conversion et nous juge avec indulgence.
...
Ce Dieu d’amour et de miséricorde, nous le retrouvons, frères et sœurs, dans l’évangile de ce jour.

Cet homme qui sème le bon grain, c’est Dieu. Tout ce qui vient de lui est beau et bon. Lui-même est bon et Il ne nous donne que du bon grain !

« Toi qui es bon et qui pardonnes,
plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent ... »

Cette prière du psalmiste nous redit toute la grandeur et la tendresse de ce Dieu plein d’amour et de vérité. Cette prière du psalmiste n’est pas une simple prière récitée, c’est une expérience de vie, c’est une prière de confiance qui prend tout l’être. Un psalmiste, c’est quelqu’un qui vit une expérience humaine et qui lit dans cette expérience la présence de Dieu.

« Toutes les nations », dit-il, «que tu as faites, viendront se prosterner devant Toi car Tu fais des merveilles, Toi Dieu de tendresse et d’amour ».

Adorer ainsi Dieu, frères et sœurs, c’est entrer dans un mouvement d’amour où on se libère de tout ce qui empoisonne nos vies ... et c’est une vrai libération !

Alors que nous sommes appelés à vivre cette expérience libératrice avec Dieu, l’ennemie est là ! ... L’ennemie vient et sème la nuit ! Et si nous lisons bien la parabole de l’ivraie, le mal est dans le monde et le mal dans ce monde ne vient pas de Dieu car ce n’est pas le maître qui sème de l’ivraie dans son champ.

L’ennemi survint, sema et s’en alla ... et l’ivraie apparu aussitôt ...

Pour tout homme qui réfléchit, la question du mal est la plus grave de tous les dangers, ... le mal, cet ennemi redoutable, est en nous et autour de nous. Il  ne dort pas. Il est toujours à l’affût pour semer l’ivraie, pour semer la zizanie, le trouble, la discorde, les guerres, les calomnies. En soi, tout ce qui est contraire à la communion.

Le mal est en nous et autour de nous !

Qui d’entre nous ne se heurte pas au mal, dans sa chair avec toutes sortes de maladies ... dans son cœur, pour toutes les blessures d’amour ... dans sa conscience, pour les morsures du péché ... dans sa famille, son travail, pour les difficultés des relations humaines ... dans le monde, pour les oppressions et les injustices de toutes sortes ...

Notre humanité, frères et sœurs, est un mélange de bien et de mal, de « grâce » et de « péché ». En mon cœur même, il y a les deux ... du bon et du moins bon. Et en tout être que je rencontre ou avec qui je vis, il y a les deux ... du bon et du moins bon.

Il y a cependant, une énorme différence entre le bien et le mal. Les deux semeurs ne sont pas à égalité. L’un sème en plein jour, l’autre attend la nuit, en se cachant, profitant de l’inattention ... sur les pas du bon semeur, un autre s’est glissé pour répandre le mal.

Quelque part, il est bon de le savoir frères er sœurs ...
Bon à savoir que le mal en nous et dans les autres n’est pas notre vrai visage, puisque nous sommes fait à l’image de Dieu, mais qu’il se glisse insidieusement en nous et autour de nous, pendant des interstices d’inconscience, aux moments où on est le moins vigilant ... ou lorsque nous dormons sans veiller au bon grain ... Le mal vient toujours pendant que nous « dormons ». Ce n’est  pas pour rien que Jésus nous demande de veiller et de prier pour ne pas succomber à la tentation. C’est ce qui est arrivé à Pierre, Jacques et Jean au Jardin des Oliviers, la veille de la mort de Jésus. Nous ne devons jamais oublier que notre vie chrétienne est un combat de tous les jours contre « l’ennemi » !

Et Dieu nous accompagne dans ce combat ... Il nous accompagne jusqu’à la moisson. Il prend le risque de la patience, il supporte momentanément l’ivraie : c’est le signe de son infinie miséricorde à notre égard ... et vous êtes et moi avec vous bénéficiaire de cette patience divine.

On entrera dans le Royaume, frères et sœurs, avec les dons de Dieu que nous avons laissé fructifier en nous, comme la petite graine de moutarde d’où jaillira un arbre, par la force de l’Esprit-Saint, pas par nos propres forces.

Le Seigneur sait que le blé ne périra pas ! Pour cela,  il nous faut coopérer au lent travail de Dieu, en prenant soin de notre humanité, en lui faisant confiance, en acceptant de se laisser soulever par le levain de l’évangile ...

Si nous comprenons bien la parabole de Jésus, il n’y a pas, à vrai dire,  des gens qui sont bien et des gens qui sont mal. La frontière entre le bien et le mal, est au milieu de nous, elle est en nous. Ce qui veut dire qu’au jugement, nous serons purifiés, pour entrer dans le Royaume, de tout ce qui, en nous, n’appartient pas à Dieu. Tout ce qui est ivraie en nous disparaîtra.
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L’amour qui habite un être, la foi qui anime une vie, l’espérance qui soulève des désespoirs sont le levain qui fait fermenter toute la « pâte humaine ».

En se laissant transformer en levain, frères et sœurs, nous devenons force de vie, force d’amour. Les autres, ceux qui sont au loin, auront besoin de nous, de notre foi, de notre espérance, de notre joie, de notre courage, de notre pureté, de notre lumière, de notre sel et de notre bon sens ... Ils découvriront la possibilité d’une conversion, parce qu’il y a toujours du bon en eux !

Alors, tournons-nous vers ce Dieu infiniment bon qui veut le salut de tous les hommes et demandons lui sans cesse, frères et sœurs, de nous apprendre à veiller au bon grain et à le faire fructifier !  Amen.


Patrick CHAHLA, diacre permanent
20 juillet 2014

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