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16° dimanche du Temps Ordinaire.


« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » Cette dernière phrase du passage d’Evangile que nous venons d’entendre peut nous surprendre. Nous savons bien qu’il ne suffit pas d’entendre la Parole de Dieu mais qu’il faut aussi l’écouter pour la comprendre.
D’ailleurs, nous avons entendu les disciples demander à Jésus, après le départ de la foule : « Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans le champ. » Cela prouve qu’ils n’avaient pas vraiment compris tout le message de cette parabole. Comprendre ne suffit pas non plus. Ce qu’il faut, c’est intégrer ce message dans nos cœurs pour pouvoir le mettre en pratique.
Toutes les lectures de ce dimanche nous invitent à la confiance, la confiance en Dieu mais aussi la confiance en l’homme
Dans la première lecture, tirée du livre de la Sagesse, il est fait mention de deux attitudes très différentes, celle de l’homme et celle de Dieu.
Comment se comporte l’homme ? Il lui est dit : « Tu montres ta force si l’on ne croit pas à la plénitude de ta puissance et, ceux qui la bravent sciemment, tu les réprimes »
Nous en avons de multiples exemples chaque jour dans l’actualité. C’est souvent le comportement que nous retrouvons dans le monde du travail, de l’économie, de la politique. Ne sommes-nous pas, nous-mêmes, parfois tentés d’agir de la même manière, avec de graves conséquences ? Comment avoir confiance en l’homme ?

Et comment se comporte Dieu ? : « toi, Seigneur, qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement… tu as pénétré tes fils d'une belle espérance : à ceux qui ont péché tu accordes la conversion. »

Le grand message de cette première lecture, c’est qu’à la différence de l’homme qui cherche à montrer sa force lorsque sa puissance est discutée, le Seigneur, lui, juge avec indulgence et patience.

C’est aussi ce message que nous retrouvons dans l’Évangile. La patience divine nous aide à mieux comprendre celle du maître qui laisse pousser l’ivraie au milieu du blé.

Deux leçons peuvent être tirées de cette parabole :
La première : Ce n’est pas Dieu qui crée le mal, car il ne sème que le bon grain. Le récit de la création, dans le livre de la Genèse nous dit clairement : « Après avoir créé l’univers puis la terre et tous ses habitants, Dieu vit que cela était bon. »
D’où vient cette mauvaise herbe qui pousse au milieu du blé ? La parabole précise qu’un ennemi, le démon, est venu la nuit, pendant que les gens dormaient, semer de l’ivraie. En langue grecque, cette plante s’appelle « zizanion » et c’est de là que vient le mot « zizanie ». Ce que l’ennemi sème, c’est la zizanie, c’est-à-dire le trouble, la discorde, tout ce qui est contraire à l’union.

Cette parabole ne nous donne pas une explication sur la marche du monde, mais elle nous invite à regarder d’abord en nous-mêmes.
Car en nous, en chacun de nous, le bien et le mal coexistent. L’apôtre Paul lui-même, dans sa lettre aux Romains, quelques versets avant la lecture de ce jour, n’hésite pas à dire : « Je ne fais pas le bien que je veux ; je fais le mal que je ne veux pas. » Reconnaissons humblement qu’en chacun de nous il y a en même temps du bon grain et de l’ivraie.
La deuxième leçon : Jésus nous révèle l’immense patience du maître de la moisson qui demande à ses serviteurs d’attendre pour ne pas prendre le risque d’arracher du bon grain avec l’ivraie.
Il nous demande de faire preuve de la même patience envers les autres. Avant de juger les autres, discernons d’abord ce qui ne va pas dans notre vie. Aujourd’hui encore, même dans l’Eglise, des personnes se sentent méprisées et exclues à cause de leur passé ou de leur réputation. N’oublions pas que si Dieu condamne le péché, il cherche à sauver le pécheur et à le libérer. Dieu est amour, il veut nous accompagner jusqu’à la moisson, tout en respectant notre liberté.

En commentant cette parabole, Saint Augustin, qui ne s’est converti au christianisme qu’à l’âge de 32 ans, disait : « au départ, beaucoup sont de l’ivraie puis deviennent du bon grain » et il ajoutait : « s’ils n’étaient pas tolérés patiemment, quand ils sont mauvais, ils n’arriveraient pas à ce changement louable. »
En même temps, comprenons bien que ce n’est pas une leçon de paresse ou de résignation qui nous est ainsi donnée. Tout l’Evangile nous invite à agir, à aimer, à renoncer, à pardonner. Chercher à arracher les opprimés à l’égoïsme de ceux qui les briment est légitime et indispensable mais soyons conscients que, compte-tenu de notre faiblesse, nous ne pourrons jamais organiser un monde où il n’y aurait que du bon grain.

Nous le voyons bien avec la pandémie du coronavirus qui nous perturbe tous depuis plusieurs mois. Cette situation douloureuse, a bien sûr, des effets négatifs, mais elle a aussi des effets positifs. Elle fait réfléchir tous les habitants de notre planète car ce virus n’a pas de frontières. Le pape François disait dans les temps de Pâques : « Le cri de la terre et le cri des pauvres ne peuvent plus attendre. Prenons soin de la création, un don de notre Dieu le Créateur. »
Saint Paul, dans la seconde lecture nous invite à nous tourner vers Dieu et nous demande de supplier l’Esprit-Saint de venir au secours de notre faiblesse. Avec lui, nous devenons capables de nous ouvrir à l’amour du Père et à répondre à sa volonté. Le vrai Dieu n’est pas celui qui écrase ses ennemis. Il se présente à nous comme un Dieu plein d’amour qui veut le salut de tous les hommes.
Rappelons-nous les paroles du psaume que nous avons chanté : « Toi qui es bon et qui pardonnes, plein d’amour pour ceux qui t’appellent, écoute ma prière, Seigneur, entends ma voix qui me supplie. »

Au cours de cette eucharistie, remercions le Seigneur et demandons-lui de renouveler notre foi et notre confiance en son amour.

André Roul, diacre permanent
19 juillet 2020


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