16° dimanche du Temps Ordinaire.
Dimanche dernier, dans la parabole du semeur, nous étions appelés à
être de la bonne terre pour accueillir et faire fructifier la Parole de
Dieu venue habiter parmi les hommes. L'Évangile de ce dimanche regroupe
trois autres paraboles de Jésus qui veulent nous faire entrer dans une
meilleure compréhension du Royaume de Dieu annoncé.
Ce Royaume est déjà présent mais ne sera pleinement réalisé qu’à la fin
des temps. Ce que ces trois paraboles mettent en lumière, c'est que le
Royaume comme tout ce qui est créé, est soumis à une loi de croissance.
Même le Fils de Dieu, lorsqu'il s'est incarné, s'est soumis à cette
loi. L'Évangile nous dit bien que l’enfant Jésus croissait en âge
et en sagesse devant Dieu et devant les hommes.
Ces paraboles nous parlent du grain semé dans la terre, et qui germe
lentement; puis de la graine de moutarde, toute minuscule, mais d'où
sort une plante assez importante, enfin de la pincée de levain qui,
mise dans trois grandes mesures de farine fait lever toute la pâte.
Nous allons nous arrêter à la parabole du bon grain et de l'ivraie qui
nous rend attentifs au fait que, dans la bonne terre, le bon grain met
du temps à pousser et que de la mauvaise herbe y pousse également. En
fait, l'évangile de ce dimanche évoque notre condition humaine et nous
invite à avoir confiance en Dieu
Deux leçons peuvent être tirées de cette parabole.
La première est une réponse au problème de l’origine du mal : ce n’est
pas Dieu qui a créé le mal. Il n’a semé que le bon grain. Le récit de
la création dans la Genèse y insistait déjà : "Dieu vit que cela était
bon". Tout ce qui vient de Dieu est beau et bon. Dieu ne nous donne que
du bon grain.
D’où vient donc cette mauvaise herbe qui pousse au milieu du blé ? La
parabole précise qu’un ennemi, le démon, est venu la nuit, pendant que
les gens dormaient, semer de l’ivraie. En grec, cette plante
s’appelle « zizanion » et c’est de là que vient notre mot « zizanie »
Ce que l'ennemi sème, c'est la zizanie, c'est-à-dire le trouble, la
discorde, tout ce qui est contraire à la communion.
Effectivement, le bon grain et l'ivraie sont mêlés dans notre vie. Il
n'y a qu'à regarder notre monde, notre pays, nos vies pour le
constater. Il suffit de lire un journal ou d'écouter les informations à
la télévision pour avoir un aperçu de la somme énorme d'injustice,
d'oppression, de violence qu'il y a, un peu partout dans le monde. La
tentation est grande de supprimer la violence par une violence encore
plus forte. C’est ce qui se passe actuellement en Israël et en
Palestine et dans bien d’autres pays.
La première lecture, tirée du Livre de la Sagesse, nous rappelle que
c'est notre insécurité qui nous pousse facilement à la violence, alors
que Dieu, précisément à cause de sa force, est patient et compréhensif
à notre égard : Seigneur, " ta force est à l'origine de ta justice, et
ta domination sur toute chose te rend patient envers toute chose".
Nous aspirons tous à un monde juste et bon mais dans nos vies, il y a
un mélange de bon et de mauvais, de douceur et de violence, de
solidarité et d'individualisme.
On ne peut pas classer les gens en bons ou mauvais. Telle personne
peut, à nos yeux, avoir des défauts, des faiblesses mais elle peut
aussi être capable d’une grande générosité et d’un grand sens du
service. Avant de juger nos frères, soyons assez lucides et humbles
pour reconnaître nos propres défauts et nos faiblesses. Saint Paul
écrivait déjà aux Romains, quelques versets avant la 2° lecture de ce
jour : "Le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux
pas, je le commets" (Ro 7,19).
Deuxième leçon : Jésus nous révèle l'immense patience du maître de la
moisson, qui ne veut pas risquer d'arracher le bon grain avec l'ivraie.
Lorsque ses serviteurs viennent lui demander s’ils peuvent arracher
l’ivraie qui a été semé au milieu du bon grain, ils entendent une
réponse surprenante : « Non ! De peur qu’en enlevant l’ivraie vous
n’arrachiez le blé en même temps. Laissez-les pousser jusqu’à la
moisson. » La moisson, c’est la fin du monde.
Il nous demande de faire preuve de la même patience envers les autres.
Avant de les juger, discernons d’abord ce qui ne va pas dans notre vie.
La patience de Dieu n'est pas une simple patience passive, c’est
l’expression d’un amour sans limites, d’une miséricorde et d’une
volonté inconditionnelle de sauver tous les hommes. Si Dieu condamne le
péché, il cherche à sauver le pécheur et à le libérer. Le vrai Dieu est
amour. Il veut nous accompagner jusqu'à la moisson, tout en respectant
notre liberté.
Le message de la patience de Dieu est bien celui que Jésus a proclamé
toute sa vie, lui qui est allé vers celles et ceux qui étaient blessés,
malades, désorientés. Pour le Christ, il n’y a rien de fixé d’avance et
tout peut changer. Il ne désespère jamais de transformer l’ivraie de
nos cœurs en bon grain!
Pourtant, nous nous sentons bien faibles. Que faire ? Dans la seconde
lecture, saint Paul nous dit de supplier l’Esprit-Saint de venir au
secours de notre faiblesse. Avec lui, devenons capables de nous ouvrir
à l'amour du Père et à répondre à sa volonté.
Devenons témoins de sa patience. Prenons conscience qu’en participant à
cette eucharistie, nous venons puiser à la source de cet amour qui est
en Dieu et que nous sommes envoyés dans le monde pour rayonner cet
amour autour de nous.
André ROUL, diacre permanent
20 juillet 2014
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