Dans
l’évangile
de dimanche dernier, nous avons entendu Jésus envoyer ses disciples
en mission. Nous avons entendu le nom des douze disciples concernés.
Samedi, à
l’église Saint Dominique, des jeunes, dont six de notre paroisse, ont
reçu le
sacrement de confirmation avec une consigne : « Allez !
Go pour
la mission ! » Chacun d’eux a été appelé par son nom. Demain
après-midi (cet après-midi) Jean-Louis et Pierre seront ordonnés prêtres
pour
le diocèse de Nantes. Eux aussi, ils sont envoyés en mission. Pourtant,
il faut
le reconnaître : les difficultés ne manquent pas. Face à la
violence qui
envahit la nature et notre monde, face au rejet ou à l’indifférence de
nos
contemporains, est-il encore raisonnable d’annoncer un royaume de paix,
de
justice et d’amour ? [1]
Ce message est-il crédible ? Au fil du temps, nous pouvons
être
gagnés par le découragement, la honte, la peur… Face à ces obstacles,
aujourd’hui,
la Parole de Dieu nous encourage. Elle nous invite à la confiance.
A
son époque déjà, le prophète Jérémie était tenté par le
découragement. Il se
disait :
« A longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi
l’injure et
la raillerie. Je me disais : Je ne penserai plus à lui, je ne
parlerai
plus en son nom. »
De
son côté, le psalmiste déclarait à Dieu
: « L’amour de ta
maison m’a perdu ; on t’insulte, l’insulte retombe sur
moi. »
Pas
très
encourageant non plus l’apôtre Paul qui rappelle :
« Par
un seul homme, le péché est entré dans le monde et par le péché est
venue la
mort. »
Jésus
lui-même a des paroles un peu inquiétantes : « Celui qui me
reniera
devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux
cieux. »
Aujourd’hui,
en
France, le nombre de croyants et de pratiquants réguliers est en baisse
constante. Les scandales qui ont secoué l’Eglise lui ont fait perdre de
sa
crédibilité.
La diminution du nombre de prêtres affaiblit les communautés
chrétiennes. Le
repli sur des courants de développement personnel prend le pas sur la
transmission de l’Evangile. Pour « le petit reste » des
croyants, le
découragement s’installe…
Le
découragement, mais aussi la honte…
Comme
dans
le psaume nous pouvons dire au Seigneur : « C’est pour
toi
que j’endure l’insulte, que la honte me couvre le visage. »
Dans
leur
courrier à l’évêque pour demander la confirmation, de nombreux jeunes
lui
écrivent : « Au collège, au lycée, combien c’est
difficile aujourd’hui
de se déclarer chrétien. On a peur d’être moqué, voire insulté. »
Le
prêtre qui les accompagnait leur a même avoué publiquement :
« Moi il
m’a fallu des plombes pour témoigner.»
Quant
à
nous, ici présents, osons-nous parler de notre foi ? Avons-nous
honte de
paraître démodés en parlant de Jésus ? Sous prétexte de respecter
la
laïcité, nous restons parfois muets, prêts à adopter l’attitude de
Pierre qui
répond : « Vraiment, je ne connais pas cet homme. »
Alors,
rappelons-nous la parole que nous venons d’entendre : « Celui
qui me
reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui
est aux
cieux. »
Découragement,
honte
et aussi la peur…
La
peur d’être incompris dans sa propre famille… Comme dit le psalmiste, la
peur d’être
un étranger au milieu de mes frères. La peur de passer pour un
illuminé,
la peur de me fatiguer pour rien, la peur d’être ridiculisé, critiqué,
harcelé.
La peur de gaspiller mon temps ou mon énergie. La peur de ne pas être à
la
hauteur de cet appel.
En
effet, s’engager pour la mission n’est pas toujours simple et facile.
Heureusement,
aujourd’hui
vous avez aussi entendu que la Parole de Dieu nous réconforte
face à l’ampleur de la tâche. Jérémie nous rappelle la force de notre
Dieu
qu’il compare à un guerrier redoutable. De son côté, le psalmiste parle
d’un
Dieu d’amour et de tendresse attentif aux pauvres, aux humbles et aux
prisonniers. Pour Paul, la grâce de Dieu se répand sur tous en abondance
en
Jésus-Christ. Enfin, selon les termes de Jésus lui-même, nous
n’avons pas
grand-chose à craindre. Même lorsque nous nous sentons découragés,
honteux,
incapables ou inquiets, Jésus nous fait confiance. Aux yeux de son Père,
nous
avons beaucoup de valeur, beaucoup plus que les moineaux sur lesquels il
veille
pourtant en permanence. C’est d’ailleurs ce don total de leur vie qu’ont
vécu
les martyrs, restés fidèles jusqu’au bout à leur mission malgré les
dangers.
Et, parmi eux, les bienheureux Célestin et Michel, que nous connaissons
un peu
mieux depuis que notre paroisse nouvelle a été confiée à leur patronage.
Rappelons-nous
enfin que si nous
témoignons de Jésus devant les hommes, lui sera notre avocat devant son
Père.
Car annoncer Jésus-Christ, c’est défendre l'homme. Et Jésus est le
Sauveur de
l'humanité.
Hubert
PLOQUIN, diacre permanent
25
juin 2023
St Philippe et St Jacques de Sautron - St Léger d’Orvault – Ste Bernadette d’Orvault