12°
dimanche ordinaire.
« Le
prophète a dit la vérité, il doit être exécuté… »
C’est
cette chanson de Guy Béart
qui m’est venue en tête en lisant les textes de ce jour.
Guy
Béart parle de la persécution que subissent ceux qui osent avoir
une parole de vérité, une parole dissonante qui remet en question les
habitudes
et les comportements de la société de son époque.
Dès
la première lecture de ce matin, dans le livre de Jérémie – et le
psaume poursuivra dans ce sens – nous est présentée une situation où on
retrouve tous les éléments de ce mécanisme : la calomnie, la
dénonciation,
l’insulte, la persécution, la pensée dominante qui ne tolère pas la
contradiction,
quand la vérité la dérange.
Nous
le savons, des millions de chrétiens vivent cette situation de
persécution sous différentes formes dans un grand nombre de pays où ils
sont
minoritaires. Le prophète Jérémie nous montrait déjà combien la foi de
quelques-uns
provoque la réprobation de beaucoup.
Ce
qui est commun à Guy Béart et au prophète Jérémie, c’est leur désir
de vérité, de faire connaître à tous ce qui est vrai, de proclamer la
vérité en
toute liberté. La différence entre eux, c’est que ça n’a pas empêché le
premier
de rester un personnage très populaire, tandis que le deuxième a subi le
sort
de la plupart des prophètes : brutalisé, emprisonné, exilé puis
finalement
lapidé par ses compatriotes. Comme les personnages de la chanson de Guy
Béart.
Une
autre différence, c’est que le chanteur se contente de dénoncer le
comportement de ses semblables, et d’en appeler à leur seule
responsabilité
pour changer leur regard. Le prophète dénonce aussi, mais lui, c’est à
Dieu qu’il
en appelle pour changer le cœur de ses adversaires. Il lui dit :
« Fais-moi
voir la revanche que tu leur infligeras, car c’est à toi que j’ai
remis ma
cause ». Il a tellement confiance en Dieu qu’il se réjouit à
l’avance,
sûr de sa victoire, comme si elle était déjà acquise : « Chantez
le
Seigneur, louez le Seigneur, il a délivré le malheureux de la main des
méchants ».
C’est
le même état d’esprit qui anime l’auteur du psaume 68, lui aussi
persécuté pour sa foi. S’adressant à Dieu, il dit : « c’est
pour
toi que j’endure l’insulte ». Il garde confiance dans le
Seigneur,
malgré tout, et il ajoute : « le Seigneur écoute les humbles,
il n’oublie
pas les siens emprisonnés. Que le ciel et la terre le célèbrent ! »
et
enfin, lui aussi en appelle à la vérité : « par ta vérité,
sauve-moi ! »
La
vérité… « Qu’est-ce que la Vérité ? »
demandera Ponce Pilate à Jésus. On ne connaît pas la réponse de Jésus,
mais il
venait juste de dire à Pilate : « Je suis venu dans le
monde pour
rendre témoignage de la Vérité ». C’est la raison pour
laquelle Jésus,
lui aussi, sera martyrisé, et mis à mort. Mais, nous le savons, Dieu l’a
ressuscité ! la voilà, la victoire ! La voilà, la revanche de
Dieu,
attendue avec espérance par Jérémie, par le psalmiste, par tous les
croyants
depuis les origines. Ce n’est pas une revanche guerrière, c’est la
revanche de
l’amour. Témoigner de la vérité, c’est témoigner de l’amour.
Frères
et sœurs, on le voit, tous ces textes nous apprennent à ne pas
craindre la vérité, et nous encouragent à la proclamer, malgré le risque
de ne
pas être entendu, malgré le risque d’être moqué, brutalisé, peut-être
même persécuté…
Témoigner
de la vérité, sans crainte. Le message que Jésus nous envoie
aujourd’hui dans son évangile ne nous demande pas autre chose. « Ne
craignez
pas les hommes. Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé ; rien n’est
caché qui ne sera connu ». Si c’est Dieu lui-même qui lèvera
le voile,
nous pouvons déjà commencer à le soulever un peu, pour permettre à nos
contemporains d’entrevoir la vérité. C’est ce qui nous est demandé en
pratiquant l’un des cinq essentiels qu’est l’évangélisation.
Le
week-end dernier, pendant le Hellfest, quelques paroissiens se sont
relayés dans l’église Notre-Dame pour proposer aux visiteurs un
éclairage
chrétien sur ce lieu, qui n’est pas qu’un ensemble architectural de
pierres, avec
ses vitraux, ses statues et sa grande fresque. Il s’agissait pour ces
bénévoles
de tenter d’en faire comprendre le sens aux visiteurs. Ce faisant,
certains ont
été amenés à témoigner de leur foi, en annonçant avec un sourire le
Christ qui
vit en nos cœurs et qui habite aussi cet espace. Ils se sont engagés
pour
annoncer la vérité, sans crainte, en s’en remettant simplement à Dieu.
Certes,
ils ne risquaient pas leur vie comme les prophètes ou les martyrs, mais
avouons
que cette démarche n’est pas si évidente pour chacun de nous. Car il
s’agit de témoigner,
de s’impliquer, dans toute sa personne, d’affirmer sa foi, d’assumer
avec
fierté l’héritage que nous avons reçu, face à des personnes qui ne
partagent
pas toujours notre foi ou qui l’ignorent. À ces visiteurs, nous pouvons
proposer
la beauté, la joie, la transcendance, la lumière et la vérité. C’est une
belle
démarche d’évangélisation !
Concrètement,
les occasions de témoigner de la vérité ne sont pas si
rares. J’évoquais à l’instant ces bénévoles qui assuraient les visites
de l’église.
C’était une occasion, il y en a d’autres. Dans notre entourage, dans nos
familles, dans nos lieux de travail, certaines conversations, certaines
situations deviennent parfois des opportunités pour oser une parole de
vérité. Mais
nous n’avons pas toujours suffisamment d’assurance, nous ne trouvons pas
toujours les mots justes, ou, devant l’inattendu, notre argumentaire
n’est pas
prêt, et nous laissons filer l’occasion.
Alors,
frères et sœurs, demandons à Dieu de nous donner ce courage tout
simple des témoins.
Comme
le prophète Jérémie, comme le psalmiste, remettons-nous-en à
Dieu. Faisons-lui confiance – c’est ce que signifie avoir la foi – et
soyons sûr
de sa victoire, de la victoire de l’amour. Ne craignons pas « ceux
qui tuent
le corps sans pouvoir tuer l’âme. » Jésus nous l’a
rappelé : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes,
moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. » Que
cette
promesse d’amour et de vérité nous conforte dans notre foi, ravive notre
espérance et nous conduise à la charité.
Amen !
Daniel
BICHET,
diacre permanent
Le
25
juin 2023
Gorges,
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Clisson
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