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« Le prophète a dit la vérité, il doit être exécuté… »
 C’est cette chanson de Guy Béart qui m’est venue en tête en lisant les textes de ce jour.
Guy Béart parle de la persécution que subissent ceux qui osent avoir une parole de vérité, une parole dissonante qui remet en question les habitudes et les comportements de la société de son époque.
Dès la première lecture de ce matin, dans le livre de Jérémie – et le psaume poursuivra dans ce sens – nous est présentée une situation où on retrouve tous les éléments de ce mécanisme : la calomnie, la dénonciation, l’insulte, la persécution, la pensée dominante qui ne tolère pas la contradiction, quand la vérité la dérange.
Nous le savons, des millions de chrétiens vivent cette situation de persécution sous différentes formes dans un grand nombre de pays où ils sont minoritaires. Le prophète Jérémie nous montrait déjà combien la foi de quelques-uns provoque la réprobation de beaucoup.
Ce qui est commun à Guy Béart et au prophète Jérémie, c’est leur désir de vérité, de faire connaître à tous ce qui est vrai, de proclamer la vérité en toute liberté. La différence entre eux, c’est que ça n’a pas empêché le premier de rester un personnage très populaire, tandis que le deuxième a subi le sort de la plupart des prophètes : brutalisé, emprisonné, exilé puis finalement lapidé par ses compatriotes. Comme les personnages de la chanson de Guy Béart.
Une autre différence, c’est que le chanteur se contente de dénoncer le comportement de ses semblables, et d’en appeler à leur seule responsabilité pour changer leur regard. Le prophète dénonce aussi, mais lui, c’est à Dieu qu’il en appelle pour changer le cœur de ses adversaires. Il lui dit : « Fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c’est à toi que j’ai remis ma cause ». Il a tellement confiance en Dieu qu’il se réjouit à l’avance, sûr de sa victoire, comme si elle était déjà acquise : « Chantez le Seigneur, louez le Seigneur, il a délivré le malheureux de la main des méchants ».
C’est le même état d’esprit qui anime l’auteur du psaume 68, lui aussi persécuté pour sa foi. S’adressant à Dieu, il dit : « c’est pour toi que j’endure l’insulte ». Il garde confiance dans le Seigneur, malgré tout, et il ajoute : « le Seigneur écoute les humbles, il n’oublie pas les siens emprisonnés. Que le ciel et la terre le célèbrent ! » et enfin, lui aussi en appelle à la vérité : « par ta vérité, sauve-moi ! »
La vérité… « Qu’est-ce que la Vérité ? » demandera Ponce Pilate à Jésus. On ne connaît pas la réponse de Jésus, mais il venait juste de dire à Pilate : « Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage de la Vérité ». C’est la raison pour laquelle Jésus, lui aussi, sera martyrisé, et mis à mort. Mais, nous le savons, Dieu l’a ressuscité ! la voilà, la victoire ! La voilà, la revanche de Dieu, attendue avec espérance par Jérémie, par le psalmiste, par tous les croyants depuis les origines. Ce n’est pas une revanche guerrière, c’est la revanche de l’amour. Témoigner de la vérité, c’est témoigner de l’amour.
Frères et sœurs, on le voit, tous ces textes nous apprennent à ne pas craindre la vérité, et nous encouragent à la proclamer, malgré le risque de ne pas être entendu, malgré le risque d’être moqué, brutalisé, peut-être même persécuté…  
Témoigner de la vérité, sans crainte. Le message que Jésus nous envoie aujourd’hui dans son évangile ne nous demande pas autre chose. « Ne craignez pas les hommes. Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé ; rien n’est caché qui ne sera connu ». Si c’est Dieu lui-même qui lèvera le voile, nous pouvons déjà commencer à le soulever un peu, pour permettre à nos contemporains d’entrevoir la vérité. C’est ce qui nous est demandé en pratiquant l’un des cinq essentiels qu’est l’évangélisation.
Le week-end dernier, pendant le Hellfest, quelques paroissiens se sont relayés dans l’église Notre-Dame pour proposer aux visiteurs un éclairage chrétien sur ce lieu, qui n’est pas qu’un ensemble architectural de pierres, avec ses vitraux, ses statues et sa grande fresque. Il s’agissait pour ces bénévoles de tenter d’en faire comprendre le sens aux visiteurs. Ce faisant, certains ont été amenés à témoigner de leur foi, en annonçant avec un sourire le Christ qui vit en nos cœurs et qui habite aussi cet espace. Ils se sont engagés pour annoncer la vérité, sans crainte, en s’en remettant simplement à Dieu. Certes, ils ne risquaient pas leur vie comme les prophètes ou les martyrs, mais avouons que cette démarche n’est pas si évidente pour chacun de nous. Car il s’agit de témoigner, de s’impliquer, dans toute sa personne, d’affirmer sa foi, d’assumer avec fierté l’héritage que nous avons reçu, face à des personnes qui ne partagent pas toujours notre foi ou qui l’ignorent. À ces visiteurs, nous pouvons proposer la beauté, la joie, la transcendance, la lumière et la vérité. C’est une belle démarche d’évangélisation !
Concrètement, les occasions de témoigner de la vérité ne sont pas si rares. J’évoquais à l’instant ces bénévoles qui assuraient les visites de l’église. C’était une occasion, il y en a d’autres. Dans notre entourage, dans nos familles, dans nos lieux de travail, certaines conversations, certaines situations deviennent parfois des opportunités pour oser une parole de vérité. Mais nous n’avons pas toujours suffisamment d’assurance, nous ne trouvons pas toujours les mots justes, ou, devant l’inattendu, notre argumentaire n’est pas prêt, et nous laissons filer l’occasion.
Alors, frères et sœurs, demandons à Dieu de nous donner ce courage tout simple des témoins.
Comme le prophète Jérémie, comme le psalmiste, remettons-nous-en à Dieu. Faisons-lui confiance – c’est ce que signifie avoir la foi – et soyons sûr de sa victoire, de la victoire de l’amour. Ne craignons pas « ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme. » Jésus nous l’a rappelé : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. » Que cette promesse d’amour et de vérité nous conforte dans notre foi, ravive notre espérance et nous conduise à la charité.
 
Amen !
 
Daniel BICHET, diacre permanent
Le 25 juin 2023
Gorges, Boussay, Clisson
 


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