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11° dimanche ordinaire.


 

Notre Dieu, que Jésus nous donne comme « notre Père », est sans cesse en relation intime avec l'humanité. Les textes de la parole d'aujourd'hui, chacun dans sa diversité, nous parle de cette relation, toujours vivante, que Dieu propose à chacun de ses enfants. Chacune de ces rencontres, éphémère ou gravée dans la pierre de l’Horeb, intense ou légère comme une brise pour Élie, toutes sont une manifestation de l'amour de Dieu pour chacun de ses enfants, une des façons de leur parler.

Et pourtant… j’ai l’impression que Dieu ne me parle pas…serait-ce moi qui ne l'entend pas, suis-je sourd à sa Parole ? Peut-être que je n’ose pas croire que je lui manque, comme un enfant manque toujours à son père quand il s’en s'éloigne. Comment imaginer, dans ma foi encore balbutiante, que mon Père peut mobiliser tous les moyens pour m'appeler ou me répondre : dans le souffle ténu d'une brise légère pour Élie mais pour ce peuple hébreu à la tête dure, il va graver sa Parole dans la pierre, bien plus tard, sur la route de Damas c'est Jésus lui-même qui interpelle Paul qui en tombe à terre.

Aujourd'hui, en toute simplicité Jésus appelle ces 12 galiléens. Il les fait apôtres et les envoie à sa moisson. Mais qui sont ceux qu’il a choisi ? Des hommes puissants ? des intellectuels ? des lévites ? Pas du tout ! Ce ne sont pas des élites qu’il choisit pour l'aider à guider ce peuple perdu, comme sans berger, mais 12 personnes « ordinaires ». Il y a Pierre, le pêcheur, si fort et si attachant mais aussi faible et lâche peut-être même naïf : Ne répond-il pas sans comprendre ? Mais aussi Jean au tempérament vif un peu coléreux et puis Judas capable de trahir, Matthieu, un publicain au service de ces Romains détestés des pharisiens, peut-être malhonnête et même un zélote, un politicien révolutionnaire, Philippe et Nathanaël de vrais croyants Juifs et puis les autres dont on ne connaît que le nom… sans oublier Thomas, celui qui ne croit pas sans avoir vu, sans avoir touché mais qui, le premier, va professer sa foi au ressuscité. Plus tard il y aura même Paul celui qui était envoyé pour détruire les chrétiens...oui Jésus choisis les gens ordinaires mais il va les rendre capable de l'extraordinaire !

Alors, pourquoi nous étonner que nous soyons tous, oui chacune et chacun de nous, appelés à la moisson. Nous pourrions lui répondre : moi ? je ne suis pas capable, je ne sais pas faire, je ne suis qu'un père ou qu'une mère confessant mon ignorance, je ne me sens indigne de cette mission. Malgré tout cela, c'est dans notre humanité, dans notre propre personnalité, avec nos faibles moyens que nous sommes appelés par Jésus pour la moisson, pour rendre témoignage de notre foi, de l’Évangile, de la « Bonne Nouvelle » du Christ, mort pour les pécheurs qui nous réconcilie avec son Père et nous rend participant de sa vie divine. Et c’est encore Lui qui nous relève à chaque fois que nous trébuchons. « Nous portant comme sur les ailes d’un aigle » (Exode), pour nous amener à témoigner que « le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d’âge en âge »(Psaume). Voici le message qu’il nous confie et dont nous avons d’abord à vivre nous-mêmes pour en témoigner. La mission n'est pas une œuvre de puissance ou de prestige, il ne s'agit pas non plus de transmettre ! Ce n'est pas ce que l'on dit qui fait croire en Dieu, c'est ce que l'on vit ensemble et la manière dont nous vivons modestement et humblement notre vie d'enfant de Dieu qui atteste. Et ça nous le pouvons, nous devons le vivre.

À Taizé on chante souvent : « Ubi Caritas, deus ibi est », là où est la charité, Dieu est là…. Par une main glissée dans celle de la personne souffrante, dans l’accueil inconditionnel de l’autre, dans le pardon vécu en vérité, par le temps passé ensemble, par un sourire joyeux ou un regard plein de compassion, par une parole de réconfort dans un moment difficile, dans la joie du partage, dans l’invitation au repas, à la prière, au relèvement, au rire… la gratuité de chacun de ces gestes, de chacune de ces paroles, de ces regards…toutes ces manifestations de Charité, disent et redonnent dignité à la personne, lui confirment son importance et son unicité. Toutes sont expression de l’amour fraternel, de cet amour qui prend racine et se renforce dans celui de Dieu, dans l’amour gratuit de Dieu.

Chacun de nous homme, femme, enfant, sommes indispensables pour la moisson et c’est dans cette humanité frêle, vulnérable, fragile que Jésus appelle car, en elle, se cache notre vraie dimension, notre valeur, notre force, celle d’être sa sœur, son frère, un enfant de ce Dieu qui est Père et qui m’aime, moi, tel que je suis et c’est l’Esprit qui m’est donné qui vit en moi qui me rend capable…si je le laisse me guider et me conseiller, si je m’abandonne à sa vérité et sa volonté. Avant même que je n’en sois conscient, tout m’est donné gratuitement : Vie, Esprit, Amour… à moi d’en témoigner en partageant ma vie, comme elle m’est donnée…gratuitement.

 

Patrick  DOUEZ, diacre permanent

le 18 juin 2023


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